PRÉSENTATION

Jean-Paul Rochaix au sommet de la Petite Autane. Lieu de rencontre magique.

A l’âge de douze ans, la montagne m’a entraîné dans ses espaces naturels sans fins, aux horizons joyeux. Le contact de cette nature sauvage avec l’expérience profonde qui l’accompagne construit mon profond respect pour ce milieu et une approche toute en harmonie. Lieu de rencontre magique et de partages uniques. Un ressenti intime et indescriptible de cette naturalité, la wilderness.

« Par wilderness, on entend cet environnement d’altitude, où tous ceux qui le désirent peuvent encore faire l’expérience d’une rencontre directe avec les grands espaces, et y éprouver en toute liberté la solitude, les rythmes, les dimensions, les lois naturelles et les dangers. » ( thèse de Biella Texte fondateur de Moutain Wilderness.

Doit-on attendre cet environnement d’altitude pour éprouver cette liberté? Cette naturalité est présente de partout, belle et fragile. Il est important de faire respecter cet état sauvage partout où cela est possible, si l’on veut que l’homme accepte cette nature telle qu’elle est, et non pas telle que certains souhaitent la voir.

Dans cette recherche de liberté en parcourant la nature, c’est dans le canyonisme que j’ai ressenti cette naturalité, cette authenticité sauvage. Mais plus particulièrement en ouvrant des canyons. Le plus marquant fut celui de l’Enduchet (04) ouvert seul en novembre 1986. C’était s’immerger dans un espace sauvage proche de la civilisation mais loin de tout, où toute présence humaine n’avait eu cour. C’était pénétrer dans un univers au risque de le violer au rythme des amarrages posés. Vivre une expérience humaine unique, harmonieuse, voir poétique dans cet univers où l’eau a façonnée la roche.

C’est au printemps 2003 que tout a vraiment commencé, l’année de la canicule. Nous revenions d’une randonnée à skis, le Trou de l’Aigle, dans la haute vallée du Bachelard.J’avais trouvé un appareil de photo jetable entre les dernières plaques de neige. Je le ramenais à Bayasse chez mes amis, et la discussion s’engage sur le perdu en montagne, le abandonné. Mon ami, garde ONF me parle alors d’une ligne de barbelés dans un alpage datant de la deuxième guerre mondial. Les bovins s’y blessent régulièrement. Il n’en fallait pas plus pour ma curiosité, et pour que le garde enfourche sa mobylette. Nous voilà partis, le suivant avec ma BX, sur la route du col de la Cayolles à une époque ou la végétation sent tout juste les prémices du printemps. Après quelques minutes de marche , sortant ostensiblement de l’herbe ras, des monceaux de barbelés apparaissent, courant sur le sol le long d’une ancienne tranchée.

Le début d’une longue épopée, des barbelés, des lignes électriques, des avions…